Portrait de la baronne Emile d’Erlanger, 1924 (photo Earthlinkinet)
« Excepté quelques portraits masculins, les tableaux de Brooks se focalisent sur les femmes. Avec l’énigmatique visage qui revient sans cesse de Ida Rubinstein comme modèle, vers 1910 ; Brooks commença à communiquer au corps féminin une iconographie symbolique profonde et à explorer à la fois les possibilités du nu féminin et la nature accomplie des identités continuellement changeantes. »
Joe Lucchesi. « Dictionary of Women Artists} éd. Delia Gaze, 1997
Romaine Brooks (1874-1970)
Romaine est d’origine bourgeoise, elle pâtit du divorce de ses parents et d’un frère déséquilibré ; rejetée, elle a une enfance très malheureuse. Adulte, elle bénéficie d’un bel héritage et contracte un mariage désastreux. Brooks quitte les Etats-Unis et vit en Europe, principalement en France. Forte personnalité marquée par la vie, elle étudie avec détermination la peinture, jusqu’à l’épuisement. Elle fréquente les salons mondains, rejoint la communauté homosexuelle de Capri, devient l’ami de D’Annunzio et tombe passionnément amoureuse de la danseuse Ida Rubinstein, mais c’est l’écrivaine Nathalie Barney qui sera la compagne de sa vie..
Brooks travaille avec acharnement la peinture afin de créer le gris idéal. Elle brosse des portraits puissants et sobres, aux tons sombres, qui frappent parfois par leur androgynie, peint des nus provocateurs et des scènes d’intérieur : elle excelle à capter l’âme de ses modèles. En dépit du succès de ses expositions, Brooks passe les quarante dernières années de sa vie toute seule. Les années 80 lui rendent justice.
La France croisée, 1914 (photo Wikipedia)