Dans l’atelier, sans date (photo Arzyncampo)
« Avec cette décision, Carla Maria Maggi entrait dans la logique d’une société qui n’admettait pas qu’une honnête femme –bonne épouse et mère attentionnée- puisse être aussi une peintre professionnelle. […] C’est là, dans la maison de campagne familiale, à Cuvio, que, avec une détermination surprenante, C. Maggi ne se limita pas à ranger pinceaux et tubes de peinture, mais enferma tout –ou presque-, ses propres toiles, dans un lieu éloigné des regards indiscrets (y compris le sien) : le grenier. »
Simona Bartolena ; « Femmes artistes. De la Renaissance au XXIè siècle », « éd. Gallimard, 2003
Carla Maria Maggi (1913-2004)
Issue de la grande bourgeoisie milanaise, Carla se montre très douée pour la peinture : à 14 ans, elle réussit à entrer comme élève dans l’atelier de Giuseppe Palenti, peintre de renom à cette époque. La carrière fort prometteuse de Maggi est stoppée net par son mariage : les fonctions d’épouse et de peintre étant incompatibles aux yeux de son mari. Récemment son fils a rendu au public son œuvre : l’artiste a peint des portraits très expressifs, des nus féminins qui mêlent androgynie et sensualité féminine qui se donne à regarder (l’Essai, 1936). Ces toiles révèlent une artiste pleine d’assurance, qui a trouvé sa voie et un style libéré des leçons du maître, à la forte personnalité et affichant une étonnante audace comme femme et comme artiste au sein de la bourgeoisie de cette première moitié du XXe siècle.
La cigarette, 1934 (photo Secretumonline.it)